Il y a longtemps que les citoyens pouvaient le soupçonner : au travers des discours plats qu'ils prononcent, de leurs attitudes démagogiques et flatteuses en public ou à l'occasion de cérémonies officielles, il est évident que les politiciens français ne se démarquent pas par la hauteur de leurs points de vue. Les magouilles, les vengeances, les inimitiés, les ambitions personnelles leur tiennent lieu de programmes politiques. C'est ainsi que lors des élections présidentielles de 2007 sont arrivés au deuxième tour deux candidats incompétents reduisant considérablement le choix des français à une seule option: élire le "moins pire".
Et c'est ce qui est arrivé. Face à l'incompténce de Gauche, la majorité des français a opté pour la démagogie de Droite. Dès le lendement de l'élection de Nicolas SARKOZY, ces français ont su qu'ils étaient cocus.
Difficile pour un simple citoyen d'établir un classement dans ce manque généralisé de compétence de nos politiciens de Droite comme de Gauche.
Jusqu'à aujourd'hui GISCARD d'ESTAING, avec ses avions renifleurs et ses diamants de Bokassa tenait la corde. D'autant que GISCARD avait marqué son avance dans le palmarès de la nullité politique avec la rédaction du Traité de Constitution Européenne si inepte que les français l'ont rejeté par référendum en 2005.
Mais, depuis la révélation de l'affaire des retro commissions pakistanaises, le classement est modifié. Jacques CHIRAC rattrape son retard dans l'incompétence. D'ailleurs il faut reconnaitre que cette irresponsable politique dispose de plusieurs atouts dans sa manche: la décision de suspendre les versements des commissions commerciales siège aux côtés des décisions néfastes comme par exemple les privatisations des entreprises industrielles publiques ou la suspension du service militaire obligatoire.
Mais le talonnent de très près Edouard BALLADUR et Nicolas SARKOSY, sans oublier tous les responsables politiques qui se sont succédés à la charge de Premier Ministre comme Alain JUPPÉ, Jean-Pierre RAFFARIN et Lionel JOSPIN.
LE RESPECT DE LA PAROLE DONNÉE
La première qualité que l'on recherche lors d'un partenariat économique est le respect des engagements : les délais de livraison , la qualité du produit fourni ainsi que les versements des diverses rétributions et commissions négociées lors du contrat commercial que celles-ci soient occultes ou légales. C'est ce qui fait la différence fondamentale dans les réputations commerciales des pays industriels.
C'est ainsi que dans les pays européens l'Allemagne bénéficie d'un capital confiance bien supérieur à celui de la France.
Un certain manque de conscience professionnelle, des grèves à répétition , des délais de livraison aléatoires avaient déjà bien entamé la crédibilité de l'économie française. Mais , pire que tout , le non respect des versements des commissions promises entraîne des représailles commerciales terribles.
Comment peut-on espérer signer des contrats avec une clientèle qui se méfie ?
Dans le milieu du banditisme le non respect de la parole donnée est l'infraction la plus grave sanctionnée par la peine de mort.Dans les milieux économiques, plus civilisées , les représailles sont souvent plus subtiles mais aussi sévères et économiquement dramatiques, comme le boycot et la mise à l'écart des pays fautifs.
Contrairement à ce qui a été annoncé officiellement par tous les responsables économiques , les délocalisations ne proviennent pas des coûts exorbitants de la production à travers les salaires et les charges sociales élevés mais plutôt de la volonté de contourner la mauvaise réputation commerciale des entreprises françaises.
Comment un politicien chevronné comme Jacques CHIRAC, accédant enfin à la tête de l'État en 1995, a-t-il pu prendre une décision aussi lourde de conséquences ?
D'autant plus que les contrats de vente d'armes revêtent toujours un aspect occulte avec des intermédiaires non-officiels qui appartiennent plus au milieu du banditisme où l'esprit de vengeance fait loi, qu'aux circuits économiques légaux respectueux de la vie humaine.
En plus des conséquences catastrophiques pour l'économie française avec une réputation ternie et malgré les avertissements qu'il a reçus, comment Jacques CHIRAC n'a-t-il pas pris en considération les risques graves qui pesaient sur les vies des techniciens français envoyés en assistance au Pakistan ?
Dominique de VILLEPIN, à l'époque Secrétaire général de L'Elysée, a pris conscience des difficultés qu'il aura à expliquer la décision du chef de l'Etat de suspendre les versements des commissions donnant lieu à des rétrocessions occultes. Dans son interview sur TF1 le 19 Novembre à Laurence FERRARI, ses arguments paraissaient peu convainquants. Dans cette décision , lui comme le chef de l'Etat , ont fait preuve d'une irresponsabilité inqualifiable.
Il paraît vraisemblable qu'après une élection difficile, Jacques CHIRAC a voulu sanctionner les financements de la campagne électorale de son concurrent Edouard BALLADUR dont il apparait que les sommes versées en liquide provenaient sans doute des rétro-commissions du Pakistan.
Peut-on en conclure que Jacques CHIRAC a sacrifié durablement la réputation de la France pour satisfaire une vengeance personnelle contre Edouard BALLADUR et son porte-parole Nicolas SARKOZY ?
L'INSTRUCTION JUDICIAIRE
Il faut espérer que la Justice pourra suivre son cours dans la sérénité et que le Juge d'Instruction VAN RUYMBEKE pourra enfin éclairer les familles des victimes de l'attentat de Karachi en 2002 au cours duquel onze techniciens ont trouvé la mort.
Ce qui semble curieux quand même, c'est que l'attentat soit survenu sept ans après la décision de Jacques CHIRAC de suspendre les versements des commissions aux intermédiaires pakistanais.
Même si l'adage affirme qu'il faut se méfier de la vengeance d'un homme patient, sept ans de préparation paraissent tout de même un peu long pour établir un lien direct de cause à effet entre l'attentat et la décision de Jacques CHIRAC . Mais on ne peut, à priori, exclure cette hypothèse.
Les enjeux et les responsablités politiques sont tellement énormes qu'on peut raisonnablement craindre que de fortes pressions seront exercées sur le déroulement de la Justice pour que la lumière ne soit jamais faite sur ce drame. Il faudra beaucoup de courage à la partie civile pour espérer obtenir satisfaction.
Mais, plus que tout, si les responsabilités morales comme civiles sont établies, que celà débouche sur des condamnations ou non, c'est la démocratie française qui est déjà en danger.
Toujours est-il que l'instruction continue, de même que l'investigation des journalistes intègres. Sur la radio publique France Inter, Daniel Mermet vient de conscrer trois jours de son émission "Là-bas si j'y suis" à ce qu'il faut bien appeler le " Karachi gate".