NOTES DU WEBMASTER
Lorsque j'ai entrepris la construction de ce site en 2005, c'était bien sur pour faire valoir ma petite voix de protestation face au consensus général de la classe politique sur les bienfaits du libéralisme et le miracle de la croissance.
Je me sentais bien seul dans cette démarche et si l'encouragement de ma conscience ne m'a jamais fait défaut, le moral au contraire a frôlé plus d'une fois la catastrophe du renoncement m'incitant à rejoindre l'énorme masse des " aquoibonistes " comme disait Serge Gainsbourg.
Ce n'est que très récemment par un tavail assidu de recherche sur le net, que je me suis aperçu que ma petite voie anonyme n'était pas si isolée que cela et qu'un certains nombres d'universitaires, de journalistes ou d'hommes de lettre s'étaient à leurs tours et bien plus talentueusement que moi lancé sur les chemins difficiles de la mise en garde, avec le même constat que les exagérations de nos sociétés industrielles et matérialistes jetaient l'Humanité dans processus d'autodestruction qui serait irréversible. Cependant, ces ouvrages pêches par excès d'intellectualisation et ne sont pas forcément lisibles par tous. Ou alors les arguments développés sont si complexes que le lecteur moyen finit par s'y perdre.
Alors voilà pourquoi dans cette page je présente quelques auteurs que je n'ai pas forcément lus (pas encore en tout cas) mais qui, à la lecture des résumés de leurs ouvrages méritent d'être cités.
Cette bibliographie s'étoffera à mesure de ma pérégrination personnelle dans la réflexion sur l'avenir de l'humanité dont je suis un élément bien humble, mais pourtant bien anxieux et pessimiste.

Christophe Deloire Christophe Dubois
Février 2012
 On peut regretter que la prise de conscience de ce professeur d'économie se fasse si tardivement. La bulle financière a surtout servi à masquer la fin de la croissancede l'économie libérale.
Présentation de l'éditeur
Circus politicus révèle les dessous d’un véritable « putsch démocratique », une tentative de neutralisation du suffrage universel par une superclasse qui oriente la décision publique. Il montre
comment le Pouvoir a capitulé devant les puissances financières. Il dévoile les stratégies de double discours et d’hypocrisie française entre Paris et Bruxelles. Histoires, anecdotes, preuves, documents… tout dans ce livre tend à démontrer que les Indignés ont raison de réclamer une « vraie
démocratie » ! Entrons dans ce Circus politicus où le peuple est jugé dangereux et la démocratie archaïque. Nous voici dans les réunions ultra secrètes des Conseils européens où tout se joue, dans les coulisses, dans de mystérieux clubs d’influence où les banquiers américains expliquent la vie à nos politiques, dans les officines et les bureaux d’agents secrets…
La France est sous la tutelle d’un pouvoir aveugle. La souveraineté, nationale ou européenne, n’est plus qu’une image pieuse entretenue par des « idiots utiles ». Une enquête inédite, iconoclaste qui fait surgir une réalité qu’il vaudrait mieux affronter plutôt que de la nier.
Commentaires du webmaster.
Ce livre vient conforter nos recherches puis nos convictions personnelles. La démocratie a été phagocytée par les classes dominantes et les dynasties bancaires sont toutes désignées comme étant à l'origine du complot qui de théorie devient réalité.

FRANÇOIS MORIN
 On peut regretter que la prise de conscience de ce professeur d'économie se fasse si tardivement. La bulle financière a surtout servi à masquer la fin de la croissancede l'économie libérale.
Présentation de l'éditeur
Les marchés financiers ont beau déclencher des crises à répétition, peu d'experts et encore moins de gouvernants osent imaginer un monde sans la liberté et sans le pouvoir de ces marchés, un monde " sans Wall Street " ! Pourtant, comme l'explique ici l'un des meilleurs experts français des systèmes financiers, c'est le pas décisif qu'il faut franchir au plus vite pour éviter une nouvelle catastrophe.
L'auteur pose d'abord un diagnostic précis sur les impasses d'un monde " avec Wall Street " : les normes insensées de rentabilité imposées par les gestionnaires de capitaux entraînent, tout à la fois, la déshumanisation des conditions de travail, le saccage des écosystèmes et la soumission des politiques publiques à des intérêts privés plutôt qu'à la volonté des citoyens. Mais peut-on, dans un monde ouvert, se passer de la puissance des marchés financiers ? Oui, car du fait même de leur puissance, ces marchés ne servent plus à financer l'économie réelle et pénalisent même celle-ci au profit des jeux financiers purement spéculatifs.
Toutefois, pour abandonner toute spéculation sur les taux d'intérêt ou les taux de change, il faut reconstruire un système monétaire international qui permette de gérer la monnaie comme un bien commun de l'humanité. Et pour échapper au pouvoir exorbitant des gestionnaires de capitaux, il faudra réformer le droit des sociétés pour partager le pouvoir de gestion entre tous les acteurs prenant part à la production.

Joseph STIGLITZ
La vie de Joseph STIGLITZ
Sa carrière
Né en 1943 à Gary, dans l'Indiana, une ville sinistrée par le déclin de ses activités industrielles d'un père, Nat, qui vendra des contrats d'assurance jusqu'à plus de 90 ans et d'une mère qui enseignait l'anglais aux immigrants.
Après sa licence au Amherst College, il obtient une bourse pour préparer son doctorat (1967) au Massachusetts Institute of Technology (M.I.T.). Ses projets de recherche intéressent plusieurs fondations qui financent ses travaux en même temps qu'il enseigne la politique économique au All Souls College d'Oxford. Il obtient un poste de professeur-assistant (1966-1967) à l'université de Yale.

D'abord professeur associé (1969-1970), c'est à l'âge inhabituel de 27 ans qu'il devient titulaire de son poste (1970-1974). Il va continuer sa carrière en étant successivement professeur à Stanford (1974-1976), Oxford ((1976-1979) et Princeton (1979-1988). Il reçoit, en 1979, la médaille John Bates CLARK (délivrée par l'American Economic Association pour récompenser le meilleur économiste américain de moins de 60 ans).
En 1988, il revient à Stanford. En 1993, il devient le président du Conseil des consultants économiques du président Bill CLINTON. De 1997 à 1999, il est économiste en chef de la Banque mondiale. Depuis 1999, il est professeur à la Columbia Business School, à New York.
Prix Nobel en 2001.
Un autre monde
Aujourd' hui, il existe une certaine conscience des limites des marchés. Les scandales des années 1999 ont jeté 'la finance et le capitalisme de style américain' à bas du piédestal où ils se trouvaient depuis trop longtemps. Plus globalement, on a compris que la perspective de Wall Street, souvent à courte vue, était diamétralement opposée au développement, qui exige une réflexion et une planification à long terme. On se rend compte aussi qu'il n'y a pas une seule forme de capitalisme, une seule 'bonne' façon de gérer l'économie. Il existe d'autres formes d'économie de marché (comme celle de la Suède, où la croissance est restée vigoureuse) qui ont créé des sociétés tout à fait différentes de celle des États-Unis, avec de meilleurs systèmes de santé et d'éducation et moins d'inégalité. Or, du moment qu'il y a des alternatives et des choix, ce sont les processus politiques démocratiques qui doivent être au centre des prises de décision, et non pas les technocrates. L'un des principaux choix auxquels toutes les sociétés sont confrontées concerne le rôle de l'État. Le succès économique nécessite de trouver le juste équilibre entre l'État et le marché. Quels services l'État doit-il fournir ? Quelles réglementations doit-il instaurer pour protéger les travailleurs, les consommateurs, l'environnement ? Il est clair que cet équilibre change avec le temps, et qu'il sera différent d'un pays à l'autre. Ce livre trente de démontrer que la mondialisation, telle qu'on l'a imposée, a empêché d'obtenir l'équilibre requis.

Le Soleil Vert
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LE FILM
Le réchauffement de la planète, les conditions de travail, la crise du logement, le pouvoir des classes dominantes sont déjà des questions d’actualité dans les années 70. Dans le New York de 2022 : les Hommes ont épuisé les ressources naturelles. Seules les pastilles du mystérieux Soleil Vert nourrissent une population miséreuse qui ignore tout de cet aliment. Un flic opiniâtre va découvrir l’effroyable réalité de cette société inhumaine. Une société où tout élément de vie végétale et animale a quasiment disparu, où les livres sont devenus rares et la nourriture un luxe ; cette situation nous interpelle sur les dangers des pollutions et les risques de survie d’une société de consommation qui ignorerait les conditions d’une planète durable. Vision d’un futur possible ou caricature improbable ? Les épisodes climatiques extrêmes et les pandémies que nous connaissons sont elles les prémisses de ce futur terrifiant ?
LE RÉALISATEUR
Richard FLEISCHER
LE ROMAN
Make Room! Make Room! is a 1966 science fiction novel written by Harry Harrison, and later used as the basis for the 1973 science fiction movie Soylent Green (although the movie changed the plot and theme).
Place! Place! est un roman de science fiction écrit par Harry HARRISON publié en 1966 et qui a été la base du scénarion du Film ed Richard Fleischer intitulé SOYENT GREEN, SOLEIL VERT in french paru en 1973 (bien que le film aie changé de théme)
Originally expanded by Harry Harrison from an eponymous short story that occurs in the New York City of 1999, (some thirty years hence from the time of writing): During an intense heatwave, as overworked police detective Andy Rusch, who lives in half a room, is chatting with 'room-mate' Sol who is on the other side of the thin partition creating their two rooms from one. Sol is a retired ex-army engineer whose adapted bicycle generator, connected to old car batteries, powers an old television set and a refrigerator.
Originellement développé par Harry Harrission d'une hitoire courte du même nom qui se passe à New Yorke, 1999, ( 30 ans de plus que du temps de la rédaction) : pendant une très forte vague de chaleur, le détective de police Andy Rush, qui habite dans une demi chambre est apparié le locataire Sol qui est de l'autre coté dune mince frontière qui sépare la chambre en deucx parties.
After Andy queues for their water ration, he is called to work, and becomes involved in dealing with a riot, which starts as a protest by the 'Eldsters' (people 65 years and older who have been forcibly retired), that quickly becomes pandemonium when it becomes known that an area food shop is having a 'bring in, sell out' sale on "soylent" (soya and lentil) steaks.
Après que Andy aie fait la queue pour obtenir la ration d'eau, il est appelé au travail et devient impliqué dans une négociation avec une groupe de personnes qui commence à protester contre les "Anciens"( des gens de 65 ans et plus qui ont été mis à la retraite) qui devient rapidement une panique quand il a été su qu'un magasin d'alimentation avait été approvisionné en steacks de soleil vert ( soja et lentilles)
Billy Chung, a desperately poor Chinese boy, grabs a box of soylent steaks, and after eating several, sells the rest for enough D's (dollars) to buy himself a messenger-boy job. His first delivery takes him into a semi-fortified apartment block, complete with the rare luxuries of air conditioning and running water for showers.
Billy Chung, un pauvre chinois désespéré derobe une boite de soleil vert, et après en avoir mangé plusieurs, vend le reste assez cher pour s'acheter un travail de messager. Sa première livraison le conduit dans un block d'appartement semi fortifié, équipé avec le luxe rare de l'ai conditionné et de l'au courante pour les douches.
The residents include a rich racketeer named 'Big Mike' and Shirl, his mistress, who is pink and beautiful in a city where most people are gray and malnourished. She takes a trishaw taxi to market while her rental bodyguard runs alongside. There, she buys such 'staples' as weed-crackers and petroleum-based margarine before going to a "meat-legger" and buying a real beef steak for the racketeer. Shirl and the bodyguard return to the apartment, finding Mike murdered: the Chinese boy, Billy Chung, broke in (partly for theft and partly for lust, because of his sudden fascination with the mistress, whom he saw naked while delivering the message to the racketeer), then, when Big Mike surprised him when entering from the sound-proof shower stall, Billy lashed out and killed him. Panicked, Billy flees, and it is only after several minutes' running that he understands that he left behind all the stolen goods he was gathering.
Parmi les résidents un truand 'Gros Mike' et sa maitresse Shirl, qui est bien en cher et belle dans une ville ou la plus part des gens sont gris et mal nouuris. Elle prend un tricycle taxi pour le marché et le gade du corps retourne à l'appartement ou il trouve Mike assassiné.
NYPD Detective Andy Rusch is called to investigate the murder; he correctly reconstructs the circumstances of an attempted robbery gone awry. He expects the case to be dropped: at seven daily murders, the over-stretched police force can follow up only the most obvious cases, but the (criminal) syndicate operating via corrupt official Judge Santini, think a mark left by the Chinese boy may mean the Mafia are muscling in on their territory, and instruct the justice department to find the killer.
As the investigation continues, Andy becomes romantically involved with the mistress, despite her being used to a standard of living considerably higher than his. He ensures that, despite the racketeer having willed his apartment (and everything he owned) to his sister (a selfish crone), Shirl is permitted to stay in the apartment until the end of the month, to assist his investigations. During that time they both share a life of unaccustomed luxury (unusual to them; Andy, because he simply doesn't have the money for such a style of life, and to Shirl, because Big Mike kept most of the riches, such as meat and alcohol, to himself). They systematically work their way through Big Mike's food and drink supplies, snatching what intimate moments together that they can, between Andy's double- and triple-shift workload.
As the end of the month approaches and Shirl grasps that she has nowhere to go, Andy offers that she move in with him. After she accepts they have one final party during which they eat and drink the last of the food and alcohol, and pilfer a set of Big Mike's bedsheets. After winning over an initially-reluctant Sol, with some of Big Mike's cigars, Shirl moves in with Andy, but the meager reality of their life together, separated from the luxury they had been sharing, quickly takes the shine off their relationship. Andy is constantly away on-shift, and Shirl experiences continual reminders of the difficulty of life without money. She befriends a woman who protects her from being mugged for her water, and learns about the now-common diseases such as kwashiorkor and beri beri afflicting people who can not afford to eat properly.
Meanwhile, Andy is trying to squeeze in tracking down Billy Chung to his already-massive regular workload. Dealing with riots, paperwork, and an apparently unreasonable chief, trying to spread his meagre force as far as it will go, increasingly makes Andy irritable. This, in combination with the shame that the life he is now giving Shirl is far removed from the one she is used to, makes him more and more distant with her. He begins to obsess about Billy Chung, determined to catch him. Eventually, he finds fingerprint cards revealing Billy's home address among a suburb composed of old, decommissioned ships. A visit to the address reveals Billy hasn't been home since the break-in; Andy leaves stool pigeons to alert the police when Billy returns.
After fleeing the bungled burglary, Billy leaves the part of the city he is used to, eventually breaking into an abandoned shipping container site. He moves in with Peter, a fatalist hermit obsessed with armageddon, who awaits the new millennium as the end of the world. There, Billy discovers a huge supply of catchment water in an old tank, which he sells a bit at a time for the money he needs to keep himself and Peter fed, and also to maintain his newly-acquired "Dust" (LSD cut with dirt or other powder) drug dependence. Soon, however, they are attacked by a small group of homeless people and forced to leave. Eventually, they find a new home in a junked car, where the previous owner had frozen to death. However, Peter's stoic acceptance of everything that happens to him frustrates Billy to the point where he eventually leaves and decides to return to his family, believing that by then the police will have lost interest in him.
Meantime, Sol has made up his mind that he can no longer remain inactive, deciding to join a protest march against the over-turning of a legislative bill supporting family planning. Sol sees population control as humanity's last hope for survival, and although Shirl tries talking him out of it, he goes anyway. Andy returns late in the night carrying Sol, who was injured when the protest degenerated into yet another riot. Sol recovers from his injuries, but becomes bed-ridden, then catching pneumonia. His illness puts yet another strain on the long-suffering Shirl, driving her and Andy further apart. Then, one night, Andy returns to find the room dark and cold. He hears Shirl softly crying in their section and then understands that Sol died while she was there alone with him.
A few days later Shirl and Andy are sitting in the apartment, having returned from Sol's funeral, when Tab, her old bodyguard, knocks at the door. He is reluctantly there in the employ of a family of unpleasant people, with a slimy patriarch who have scanned the death notices in the hopes of finding a vacant apartment. They have a 'squat order', a government-sanctioned permission, to take over Sol's living space and move in, making Shirl and Andy's life even more miserable than before. The few times Shirl tries to talk to Andy about getting away from the family he changes the subject or leaves the apartment to go to work.
In the climax of the story, Andy stumbles upon Billy Chung, when he returns home to the ships, accidentally shooting and killing the boy when he tries to run away. Andy tells his chief what happened, only to discover that, weeks before, the syndicate had lost interest in the case. The police chief, far from congratulating Andy for finally finding the racketeer's murderer, lets him take the fall for the boy's accidental shooting death, going so far as to berate him for expending so much time and effort on a dead case; he demotes Andy, putting him back on a street beat so the chief can save his own career by admitting to "passing the buck". When Andy returns to his apartment he finds that Shirl has left him with the lowlife family only laughing at this latest revelation.
The story ends with Andy on the beat in Times Square for the New Year's Eve "celebrations". During that time he glimpses Shirl, dressed up and getting into a car in company of rich people. As the clock strikes midnight, he faces bitter personal failure. He then encounters Peter, Billy Chung's old 'room mate', who is distraught that the world has not ended, rhetorically asking how life can possibly go on like this. The story concludes with the Times Square screen announcing: "Census says United States had biggest year ever, end-of-the-century, 344 million citizens..."
[edit] Major themes
Social commentary is the novel's underlying theme, with author Harry Harrison primarily using Sol as his voice in promoting the importance of birth control and sustainable development. Environmental destruction has rendered people apathetic, leaving them struggling to sustain themselves in any fashion they can find. Almost all mechanized transport has been replaced by human power, much of the farmland has been poisoned by pollution or absorbed in a growing dust bowl and the government can barely cope with providing basic food and water rations to a disorderly population crowded into the decaying cities.
The end of mechanized transport is spotlighted by a number of stark, disturbing images, for example, the "tugtrucks" — large bins on four old tires towed with the human muscle power of two "truckers", and "the lots", former impound lots where the destitute live in long-dead cars, and the "now silent subway stations" where still more destitute people are assigned to live by the city welfare department.
In the speculative fiction tradition of What if? a convincing alternative world is depicted, not as prediction, but as a vivid communication of what such a future would be like from the man-in-the street's point of view. Harrison's writing is unusually bleak, departing, as it does, from his usually humorous approach, but it maintains his usual distrust of authority.
The late 1960s and the 1970s produced descriptions of New York City, both fictional and reportage, suggesting that violent crime was rampant and that complete societal breakdown, if not imminent, was on the horizon. Make Room! Make Room! was perhaps influenced by this context and can be regarded as an extreme extrapolation of the societal trends perceptible at the time of its writing.
L'AUTEUR
Harry Harrison (né Henry Maxwell Dempsey le 12 mars 1925) est un écrivain américain de science-fiction surtout connu pour son personnage romanesque Ratinox (the Stainless Steel Rat) et son roman Make Room! Make Room! (1966) dont l'intrigue servit de base au scénario du film Soleil vert (Soylent Green) de Richard Fleischer en 1973.
Né à Stamford, Connecticut, Harrison a servi comme artilleur et instructeur d'artillerie dans l'armée des États-Unis durant la Seconde Guerre mondiale. Il vécut ensuite dans de nombreux pays étrangers, notamment le Mexique, l'Angleterre, l'Ireland, le Danemark et l'Italie. C'est un fervent défenseur de l'Espéranto (cette langue apparaît souvent dans son œuvre, en particulier dans les séries de romans le Rat en acier inox et Le Monde de la mort).
Il se maria avec Joan Merkler en 1954, à New York, mariage qui dura jusqu'à la mort de celle-ci, d'un cancer, en 2002. Ils eurent deux enfants, Todd né en 1955 et Moira née en 1959, à qui est dédiée la nouvelle Make Room! Make Room!.

Demain, la décroissance ! Penser l'écologie jusqu'au bout (Broché)
Alain de Benoist
Demain la décroissance Peut-il y avoir une croissance infinie dans un monde fini ? Dégradation du milieu naturel, pollutions, épuisement des ressources naturelles, l'actuelle civilisation industrielle ne pourra s'étendre à l'ensemble de la planète. Le « développement durable » ne fera que retarder les échéances si l'on ne rompt pas avec la logique du « toujours plus » et de la recherche permanente des profits financiers. Comme Ivan Illich, les partisans de la décroissance veulent « vivre autrement pour vivre mieux ». Il faut rompre avec le primat des valeurs marchandes et reposer le problème de la relation de l'homme à la nature.


L'AUTEUR
Depuis plus de trente ans, Alain de Benoist poursuit méthodiquement un travail d'analyse et de réflexion dans le domaine des idées. Ecrivain, journaliste, essayiste, conférencier, philosophe, il a publié plus de 50 livres et plus de 3000 articles, aujourd'hui traduits dans une quinzaine de langues différentes.
Ses domaines de prédilection sont la philosophie politique et l'histoire des idées, mais il est aussi l'auteur de nombreux travaux portant notamment sur l'archéologie, les traditions populaires, l'histoire des religions ou les sciences de la vie.
Indifférent aux modes idéologiques, récusant toute forme d'intolérance et d'extrémisme, Alain de Benoist ne cultive pas non plus une quelconque nostalgie « restaurationniste ». Lorsqu'il critique la modernité, ce n'est pas au nom d'un passé idéalisé, mais en se préoccupant avant tout des problématiques postmodernes. Les axes principaux de sa pensée sont au nombre de quatre : 1) la critique conjointe de l'individuo-universalisme et du nationalisme (ou de l'ethnocentrisme) en tant que catégories relevant l'une et l'autre de la métaphysique de la subjectivité ; 2) la déconstruction systématique de la raison marchande, de l'axiomatique de l'intérêt et des multiples emprises de la Forme-Capital, dont le déploiement planétaire constitue à ses yeux la menace principale qui pèse aujourd'hui sur le monde ; 3) la lutte en faveur des autonomies locales, liée à la défense des différences et des identités collectives ; 4) une nette prise de position en faveur d'un fédéralisme intégral, fondé sur le principe de subsidiarité et la généralisation à partir de la base des pratiques de la démocratie participative.
Alors que son oeuvre est connue et reconnue dans un nombre grandissant de pays, Alain de Benoist reste largement ostracisé en France, où l'on se borne trop souvent à associer son nom à celui d'une « Nouvelle Droite » dans laquelle il ne s'est jamais véritablement reconnu.
Ce site a pour vocation de faire mieux connaître sa pensée et de favoriser sa diffusion.

SERGE LATOUCHE
Les paroles de Serge Latouche sont prophétiques. Non seulement elles ont l’intelligence de remettre en place les grands mythes politiques et de jeter un oeil impartial sur leurs faillites respectives, mais elles posent les conditions d’une nouvelle façon de gérer nos intérets. Parce qu’il dépasse la simple contestation du capital, remet le travail à sa place et déboulonne le prêt à penser du développement durable et d’une croissance qui serait notre seul salut, Serge Latouche mérite d’être lu, et au passage, notre respect. Voici ci-dessous la préface à l’édition 2005 de son ouvrage L’Occidentalisation du monde.
OUVRAGES

- Epistémologie et économie : Essai sur une anthropologie sociale freudo-marxiste, Paris, Anthropos, 1973.
- Le Projet marxiste : Analyse économique et matérialisme historique, Paris, PUF, 1975.
- Critique de l'impérialisme, Paris, Anthropos, 1979. Le procès de la science sociale, Paris, Anthropos, 1984.
- Faut-il refuser le développement ?, Paris, PUF, 1986.
- (*)L'Occidentalisation du monde : Essai sur la signification, la portée et les limites de l'uniformisation planétaire (La Découverte, 1989)
- La Planète des naufragés (La Découverte, 1991) L'économie dévoilée, du budget familial aux contraintes planétaires, ouvrage collectif dirigé par Serge Latouche, ed. Autrement, 1995.
- The Westernization of the World: The Significance, Scope and Limits of the Drive Towards Global Uniformity (mai 1996)
- L'Autre Afrique, entre don et marché (Albin Michel, 1998)
- (fr) Les dangers du marché planétaire, Presses de Sciences Po 1998
- (fr) Critique de la raison économique. Introduction à la théorie des sites symboliques, L'Harmattan 1999 co-écrit avec Fouad Nohra et Hassan Zaoual.
- La Planète uniforme (octobre 2000)
- La déraison de la raison économique : Du délire d'efficacité au principe de précaution, Paris, Albin Michel, 2001.
- Justice sans limites (Fayard, 2003).
- Survivre au développement : De la décolonisation de l'imaginaire économique à la construction d'une société alternative (Mille et Une Nuits, 2004)
- La Mégamachine : Raison technoscientifique, raison économique et mythe du progrès (2004)
- L'invention de l'économie (2005)
- Le pari de la décroissance (2006) (fr) Petit traité de la décroissance sereine, Mille et Une Nuits 2007

Du délire d'efficacité au principe de précaution.
Il n'y a pas si longtemps toute résistance au libéralisme semblait bien héroïque et solitaire. L'ambiance a bien changé. Il devient impossible de lire tous les livres de critique du libéralisme qui paraissent, comme on ne peut participer à toutes les réunions, forums, débats consacrés à la construction d'une alternative économique. Alors que nous étions isolés, chacun devant se dresser seul contre cette idéologie d'Etat, qui se révèlera être une psychose collective comme les autres totalitarismes ; alors que nous devions défendre les valeurs humaines bafouées et l'existence même de la société contre la toute-puissance économique, avec le vertige affolant de refuser le sens commun répété avec insistance, voilà que la clameur s'élève de partout et submerge déjà les anciens vainqueurs renvoyés aux poubelles de l'histoire.
L'OCDE elle-même doit reconnaître dans une étude toute récente la priorité du développement humain (du capital humain dit-elle) et le nouveau discours de la Banque Mondiale, hérité d'Amartya Sen, finira par transformer son action en profondeur même si on ne peut s'attendre à un changement immédiat de ses méthodes sans changer l'institution elle-même. Jacques Généreux nous annonce un "Manifeste pour une économie humaine" à paraître dans la revue Esprit, dont l'ambition n'est pas moins que de rassembler la quasi-totalité des économistes qui contestent la "théorie de référence" ; car Jacques Généreux affirme qu'il n'a presque jamais rencontré de partisans de cette théorie dominante, en fait américaine. La très grande majorité des économistes ne croient pas à l'autonomie de l'économie et portent leur attention sur le politique, les institutions, les régulations sociales. Après la collaboration, tout le monde va se retrouver résistant !
Il faut donc saluer à la fois les convergences remarquables qui se font jour et les retournements étonnants. On trouvera en annexe du livre de Serge Latouche une critique de l'utilisation de Polanyi dans la théorisation du tiers-secteur très proche de celle que j'avais faite dans "la privatisation de la société" et qui avait paru osée. René Passet vient de sortir un éloge du mondialisme alors que je n'ai pas eu le temps de finir un article sur le même sujet. Surtout, le livre de Michel Bounan "Sans valeur marchande" précède de peu le livre de Serge Latouche "La déraison de la raison économique" avec des thèmes très proches : le nécessaire dépassement de la rationalité, de la science, de la technique, de l'art, du marché, de l'individualisme au profit d'une approche plus holiste, sociale, raisonnable, humaine, multi-dimensionnelle, souple, localiste, délibérante, politique. Cela fait longtemps qu'on n'avait plus vu ces audaces qui vont jusqu'à remettre en cause la démocratie formelle pour restituer l'appartenance à une démocratie locale, à l'espace de la discussion publique.
Pour les retournements, il est intéressant de comparer avec le gros livre de David S. Landes "Richesse et pauvreté des nations" qui trace la fresque historique du développement économique mondial et dont les conclusions sont d'une part que la géographie est déterminante (trop de chaleur tue l'effort), d'autre part que le développement nécessite une certaine dose de protectionnisme dans la phase de décollage ; mais ce qu'on a retenu de lui, c'est surtout l'importance de la culture, des valeurs de travail, d'invention, de liberté et, par dessus tout l'importance du calcul, de la rationalité, de l'horloge. Pour Landes la domination de l'occident est sans appel. Il raille la mode de la multiculturalité, du relativisme des cultures. La supériorité de l'occident est technique, matériélle, et la valorisation des cultures retardataires n'est qu'un aveuglement criminel retardant le développement économique et sa rationalisation. De son point de vue, il n'y a pas pire que l'Afrique, règne de la facilité qui n'aime pas le travail. Rien à tirer de sa culture arriérée, il faut américaniser toutes les cultures. Serge Latouche dit exactement le contraire et c'est en Afrique qu'il va chercher le modèle de la palabre (qui cherche un consensus, la réconciliation plutôt que la justice) pour sortir d'une rationalité économique mortifère, du "délire d'efficacité", et retrouver des pratiques "raisonnables" intégrant le principe de précaution. Le raisonnable s'oppose à la rationalité comme la pensée pratique, conjoncturelle, à l'exactitude de la pensée théorique (Aristote). Serge Latouche identifie cette opposition à celle de la culture anglo-saxonne qu'il oppose d'une certaine façon au reste du monde, hésitant entre tiers-mondisme, "méridiennisme" (des peuples de la Méditerranée) ou tout simplement holisme (en référence à Louis Dumont).
L'essentiel de sa thèse tient à la réintégration de la controverse publique, de la décision politique dans les choix économiques, ce qui revient à prendre en compte les rapports humains, l'occasion, la lutte et la ruse dans le raisonnable, s'appuyer sur la situation avec le plus de discrétion possible alors que la rationalité supprime les controverses et ne concerne que les choses auxquelles elle s'applique aveuglément en détruisant leurs arrangements. Au sujet passif du calcul rationnel s'oppose le sujet pratique de l'action raisonnable : "agir c'est toujours répondre à l'appel de l'inattendu, laisser surgir le nouveau en exerçant sa vigilance dans le creuset de la circonstance" (Françoise Collin). On peut rapprocher cette définition de la subjectivité avec celle de Christophe Dejours pour qui le travailleur doit faire face à ce qui ne marche pas dans la production, à l'imprévu qui échappe à la rationalité hétéronome. C'est donc aussi la capacité d'autonomie, la capacité de dire non, de refuser ou d'adapter les ordres. Si la rationalité nous a apportée le développement de la modernité, son unilatéralité trouve sa limite dans les déséquilibres écologiques et rencontre la résistance de la plupart des peuples.
Comme Michel Bounan, Serge Latouche insiste sur le fait qu'on ne peut prétendre à une autre technique, une autre rationalité, une autre science, un autre développement économique. Ce qu'il faut abandonner c'est le calcul lui-même, l'optimisation de Pareto pour qui le non-calculable, le non-économique constitue un "résidu". Le tiers-secteur ne représente pour la raison calculante qu'un tiers exclu, ce qui ne rentre pas dans ses calculs, l'humanité en ce qu'elle a d'irrationnelle et d'humain. Mais si l'Art se définit d'échapper au calcul, cela ne l'empêche pas d'exister comme marché ! On ne peut corriger le calcul économique en y ajoutant simplement ce qu'il exclut par nature. Au contraire, il s'agit bien de ne plus calculer mais délibérer démocratiquement des institutions, des conventions, des normes, des barèmes, alors que "rationaliser le politique c'est supprimer la délibération qui en est l'essence".
Bien qu'il défende une position holiste (un corps chimique ou vivant ne se réduit pas à ses composants) et refuse de réduire le social à la réciprocité ou bien à l'économie matérielle, on pourrait croire parfois qu'il le ramène à l'intersubjectivité, à la palabre, à l'agir communicationnel. Il faut se garder de cette réduction que conteste l'excellent "Phénoménologie et sociologie" sortit récemment aux PUF : la conscience collective est constituée plutôt de notre agir collectif (praxis : fonctions, rites, techniques, reproduction) et pas seulement de notre "agir communicationnel" (mythes, normes, politique, domination) mais il est bien nécessaire de relancer le débat public.
Venons-en aux propositions pratiques, qui se situent dans le sillage d'Amartya Sen et dont on peut déplorer les faiblesses, notamment en ignorant pratiquement la révolution informationnelle. Son originalité est d'essayer de penser le passage de l'économique au politique, du calcul au consensus. Le besoin d'une alternative à la rationalité n'est ainsi pas compatible avec un simple secteur protégé complémentaire réduisant le tiers-secteur à la gestion des exclus, c'est l'économie qu'il faut changer dans sa passion calculante. De même, le refus d'étendre la rationalité économique fonde sa critique du commerce équitable où il voit la contamination de la fin (éthique) par le moyen (commerce) illustrée par le charity business américain, ainsi que le rabaissement du vote au simple achat, du citoyen au consommateur ou à l'actionnaire, qui légitime encore plus le marché comme prétendue démocratie réelle.
Au contraire, dans sa reconquête politique, "la production alternative devrait s'appuyer sur une distribution alternative, sur une finance alternative, sur une consommation alternative". C'est seulement dans cette perspective que des fonds éthiques pourraient être positifs. De même il faut être conscient qu'il ne peut y avoir de démocratie d'entreprise et de véritable éthique, nécessaire pour une production alternative, que dans le cadre d'entreprises alternatives (non soumises à la rationalité économique). Il ne dit pas cependant comment ne plus être soumis à la rationalité économique. Seul Bookchin y apporte une réponse convaincante avec ses "coopérative municipales" (nous ajouterons et le revenu garanti), mais l'accord est général sur la nécessaire insistance sur l'économie de proximité, les rapports humains et une démocratie de face à face, une implication collective plutôt qu'un acte individuel anonyme conforme à une logique purement financière.
Le "consomacteur" doit être avant tout local. Ce qu'il faut c'est reconstituer la société et l'économie locale plutôt que moraliser la mondialisation, privilégier les relations de proximités, le développement local, l'informel, les "niches" plutôt que les "créneaux". "Normaliser l'informel, c'est le tuer". Il faut s'appuyer sur le "potentiel de la situation" et intervenir discrètement, avoir pour objectif la "complicité" (qui semble une bonne traduction de la philia qui était pour Aristote la finalité de la politique).
Pourtant il s'agit bien de normaliser. On ne peut discuter sans fin des termes de l'échange (dans les SEL par exemple), ni calculer un impossible juste prix, ni se limiter au temps de travail (time dollar) alors que le travail immédiat est sans rapport avec le travail de reproduction ou de "production de soi" comme dit Gorz. Il s'agit plutôt de remplacer l'évaluation impossible par des normes sociales délibérées collectivement : statut, barème, ancienneté tout comme le salariat avec les conventions collectives (Friot), assurer la reproduction de son statut, cette reproduction de la hiérarchie sociale étant "La" question politique par excellence, que reprennent d'ailleurs les syndicats réclamant une échelle des salaires élargies afin de permettre une meilleure progression de carrière.
L'intérêt de ce livre est donc de poser radicalement le problème d'une alternative à la société de marché par une politisation de l'économie locale basée sur la délibération publique. Si on doit faire part d'un large accord, on ne peut s'empêcher de trouver bien optimiste les vertus prêtées à une démocratie rénovée, de même que prendre l'Afrique pour modèle de l'économie sociale n'est pas sans poser problème eu égard à sa situation catastrophique ("L'Afrique noire est mal partie" avertissait René Dumont il y a déjà bien longtemps). Il me semble enfin qu'il serait plus "raisonnable" de laisser une place à la rationalité afin de limiter les effets subjectifs (spéculation, mimétisme, mensonge, corruption). Le calcul garde sa nécessité car le réel n'oublie rien. Plutôt qu'un choix entre le jour et la nuit, je crois à leur partage, à leur dialectique, à leurs contradictions. L'accord inter-subjectif a besoin d'une objectivité sur laquelle s'accorder, même si ce n'est pas si simple désormais de s'y retrouver maintenant que ni l'or, ni le travail ne peuvent nous servir de mesure. Il ne faut pas négliger les "pathologies des hiérarchies", les dangers du conservatisme social comme de la démagogie (ainsi la défense de la retraite par répartition serait plus crédible si elle dénonçait le déséquilibre d'une protection sociale favorable aux générations dominantes et délaissant complètement la jeunesse). Je suis persuadé que les marchés gardent leur place nécessaire, même subordonnée, pour éviter les démesures du volontarisme et de la propagande.
Il n'en reste pas moins qu'il s'agit pour l'instant de politiser l'économie, de rendre le secteur protégé dominant et il semble qu'on puisse adopter utilement ces principes d'une discussion raisonnable : toujours partir du "précédent" et tenir compte de la complexité ("Tout ce qui est simple est faux, mais ce qui n'est pas simple est inutilisable", Valéry), de la "pluralité des mondes" et du conflit des valeurs pour discuter jusqu'à dégager un consensus. Afin d'illustrer la réussite de ce modèle, pas la peine d'aller en Afrique, ce sont les pays nordiques (la Hollande notamment) qui nous montrent la voie avec leur culture du consensus. C'est plus facile dans les petits pays de s'appuyer sur des valeurs communes, ce n'est pas impossible d'y arriver à plus grande échelle (on l'a montré souvent). C'est, en tout cas, un objectif indispensable pour socialiser l'économie, la re-territorialiser, et donner un coup d'arrêt à une rationalité globale trop aveugle.
Ainsi, une guerre propre, une mondialisation à visage humain, une économie solidaire, etc. Le développement durable est une telle antinomie.
Il faut noter que le développement soutenable n'est pas une trouvaille d'économistes. Il s'agit d'un slogan imaginé par les grandes institutions internationales et lancé par Maurice Strong, secrétaire général de la CNUED (Commission des Nations unies pour l'environnement et le développement) à l'occasion de la conférence de Rio, en 1992. Les économistes ont été sommés d'en faire un concept clé de l'économie écologique. Il s'y intègre d'ailleurs assez bien et véhicule les mêmes ambiguïtés qu'elle.
Le débat fait rage entre les experts, sur la signification du soutenable/ durable. Pour les uns, le développement soutenable/durable, c'est un développement respectueux de l'environnement (soutenabilité forte et substituabilité faible entre les facteurs).
L'accent est alors mis sur la préservation des écosystèmes. Le développement signifie, dans ce cas, bien-être et qualité de vie satisfaisants, et on ne s'interroge pas trop sur la compatibilité des deux objectifs, développement et environnement. Cette attitude est assez bien représentée chez les militants d'ONG et chez les intellectuels humanistes.
La prise en compte des grands équilibres écologiques peut aller, chez eux, jusqu'à la remise en cause de certains aspects de notre modèle économique de croissance, voire de notre mode de vie. Pour les autres, l'important est que le développement tel qu'il est puisse durer indéfiniment.
Cette position est celle des industriels, de la plupart des politiques et de la quasi- totalité des économistes. Le développement soutenable est comme l'enfer. À Maurice Strong déclarant le 4 avril 1992 : " Notre modèle de développement, qui conduit à la destruction des ressources naturelles, n'est pas viable. Nous devons en changer ", font écho les propos de Georges Bush (senior) : " Notre niveau de vie n'est pas négociable " (2).
Le développement soutenable est comme l'enfer, il est pavé de bonnes intentions. Les exemples de compatibilité entre développement et environnement qui lui donnent créance ne manquent pas. Bien évidemment, la prise en compte de l'environnement n'est pas nécessairement contraire aux intérêts individuels et des agents économiques.
Il se trouve des industriels convaincus de la compatibilité des intérêts de la nature et de l'économie. " En tant que dirigeants d'entreprise, proclame le manifeste du Business Council for Sustainable Development, nous adhérons au concept de développement durable, celui qui permettra de répondre aux besoins de l'humanité sans compromettre les chances des générations futures. " (3) Tel est bien le pari du développement durable.
Un industriel américain exprime la chose de façon beaucoup plus simple : " Nous voulons que survivent à la fois la couche d'ozone et l'industrie américaine. " Cela vaut la peine d'y regarder de plus près, en revenant aux concepts pour voir si le défi peut encore être relevé.
La définition du développement durable telle qu'elle figure dans le rapport Brundtland ne prend en compte que la durabilité. Il s'agit, en effet, d'un " processus de changement par lequel l'exploitation des ressources, l'orientation des investissements, les changements techniques et institutionnels se trouvent en harmonie et renforcent le potentiel actuel et futur des besoins des hommes ". Il ne faut pas se leurrer pour autant.
Ce n'est pas l'environnement qu'il s'agit de préserver, mais avant tout le développement. Là réside le piége. Le problème, avec le développement soutenable, n'est pas tant avec le mot soutenable, qui est plutôt une belle expression, qu'avec le concept de développement, qui est carrément un mot " toxique ". En effet, le soutenable signifie que l'activité humaine ne doit pas créer un niveau de pollution supérieur à la capacité de régénération de l'environnement.
En fait, les caractères durable ou soutenable renvoient non au développement " réellement existant " mais à la reproduction. En revanche, la signification historique et pratique du développement, liée au programme de la modernité, est fondamentalement contraire à la durabilité.
On peut définir le développement comme une entreprise visant à transformer les rapports des hommes entre eux et avec la nature en marchandises. Il s'agit d'exploiter, de mettre en valeur, de tirer profit des ressources naturelles et humaines. La main invisible et l'équilibre des intérêts nous garantissent que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Pourquoi se faire du souci ? Une véritable décroissance est indispensable
La plupart des économistes, qu'ils soient libéraux ou marxistes, sont en faveur d'une conception qui permette au développement économique de perdurer. Ainsi l'économiste marxiste Gérard d'Estanne De Bernis déclare : " On ne fera pas ici de sémantique, on ne se demandera pas non plus si l'adjectif " durable " (soutenable) apporte quoi que ce soit aux définitions classiques du développement, tenons compte de l'air du temps et parlons comme tout le monde. (...)
Bien entendu, durable ne renvoie pas à long, mais à irréversible. En ce sens, quel que soit l'intérêt des expériences passées en revue, le fait est que le processus de développement de pays comme l'Algérie, le Brésil, la Corée du Sud, l'Inde ou le Mexique ne s'est pas avéré " durable " (soutenable) : les contradictions non maîtrisées ont balayé les résultats des efforts accomplis, et conduit à la régression ".
Effectivement, le développement étant défini par Rostow comme " self-sustaining growth " (croissance autosoutenable), l'adjonction de l'adjectif durable ou soutenable à développement est inutile et constitue un pléonasme. En conclusion, en accolant l'adjectif durable au concept de développement, il est clair qu'il ne s'agit pas vraiment de remettre en question le développement réellement existant, celui qui domine la planète depuis deux siècles : tout au plus songe-t-on à lui adjoindre une composante écologique. Or la pression de l'économie mondiale actuelle sur la biosphère dépasse, et de beaucoup, sa capacité de régénération.
Il est plus que douteux que la dématérialisation toute relative de la production suffise dans l'avenir à résoudre les problèmes. Une véritable décroissance de la production physique est indispensable (ce qui ne signifie pas nécessairement un moindre bien-être). Quand on est à Rome et que l'on doit se rendre par le train à Turin, si on s'est embarqué par erreur dans la direction de Naples, il ne suffit pas de ralentir la locomotive, de freiner ou même de stopper, il faut descendre et prendre un autre train dans la direction opposée. Pour sauver la planète et assurer un futur acceptable à nos enfants, il ne faut pas seulement modérer les tendances actuelles, il faut carrément sortir du développement et de l'économicisme, tout comme il faut sortir de l'agriculture productiviste pour en finir avec les vaches folles et les aberrations transgéniques.

"EFFONDREMENT"
SOURCE: http://developpementdurable.revues.org/document2958.html
Le catastrophisme a mauvaise presse. Fréquemment il suscite l’incrédulité et parfois les sarcasmes et l’irritation. Dans ce monde hédoniste qui est le nôtre, on est rétif aux cassandres. Bizarrement, on les juge désespérants et démobilisateurs. Parlant de développement durable, on évoque volontiers le risque d’une diminution du bien-être des générations futures, voire une baisse de leurs revenus.
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Jared Diamond est professeur de géographie à l'université de Californie, Los Angeles. En fait, avec ou sans titres, il est bien plus que cela: biologiste évolutionnaire, physiologiste, biogéographe, anthropologue, historien, sociologue, environnementaliste et finalement philosophe. Ajoutons que le Pr Diamond parle une dizaine de langues et conserve une grande activité physique bien qu'ayant quelque peu dépassé l'âge de la retraite.
Il s'est fait connaître précédemment par les ouvrages suivants:
- Guns, Germs, and Steel: The Fates of Human Societies (1997),
- Why is Sex Fun? The Evolution of Human Sexuality (1997),
- The Third Chimpanzee: The Evolution and Future of the Human Animal (1992),
On citera aussi ses études sur l'avifaune sauvage:
- The Birds of Northern Melanesia: Speciation, Ecology, & Biogeography (with Ernst Mayr, 2001),
- Avifauna of the Eastern Highlands of New Guinea, Publications of the Nuttall Ornithological Club, No. 12, Cambridge, Mass., pp. 438 (1972).
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Mais la survie même de l’homme ne paraît pas en cause. Et s’il en est ainsi, c’est que l’homme aurait une capacité d’adaptation qui, certes, ne le mettrait pas à l’abri de crises graves, mais lui permettrait de les surmonter à jamais. En réalité, par le passé, des sociétés ont bel et bien disparu. Non seulement des civilisations se sont progressivement éteintes, mais des sociétés, et les hommes et femmes qui les composaient, se sont effondrés en des laps de temps, parfois courts à l’échelle de l’histoire.
Le dernier livre de Jared Diamond – d’abord biologiste de l’évolution et physiologiste, enseignant actuellement la géographie à l’Université de Californie – nous raconte l’histoire de plusieurs de ces effondrements tragiques. Au-delà de l’évidence des mots, qu’entend l’auteur par « effondrement » ? C’est, nous dit-il, « une réduction drastique de la population humaine et/ou de la complexité politique/économique/sociale, sur une zone étendue et une durée importante » (p. 15). Mais le champ de l’auteur est d’emblée restreint. Les cas d’études sélectionnés ont un point commun. Sont concernées les sociétés qui ont disparu pour avoir, notamment, épuisé leur environnement naturel. En déboisant à outrance, en appauvrissant les sols, en ponctionnant drastiquement sur la faune et la flore, les hommes de ces sociétés ont fini par saper les bases mêmes de leurs activités de survie. Et l’ouvrage nous fait ainsi passer des habitants de l’île de Pâques aux Vikings du Groenland, en s’arrêtant aussi à l’empire Maya ou aux Anasazis d’Amérique.
L’ensemble, de près de 650 pages, est tout à fait impressionnant. Si toutes ces monographies emportent l’intérêt, certaines sont absolument passionnantes, celle des Vikings par exemple. Vu la somme d’informations contenues et les multiples éléments d’analyse, il est assez difficile de rendre compte de ces différents exposés. Mais un autre intérêt de l’ouvrage, peut-être le principal, est de tenter de dégager des facteurs précis et leurs enchaînements particuliers, plus ou moins à l’œuvre dans les sociétés étudiées. Sont ainsi en cause : des problèmes environnementaux, les effets de changements climatiques, des relations hostiles de voisinage, le déclin de relations d’échange, le type de réponses apportées à ces problèmes par les sociétés. Les problèmes environnementaux font l’objet d’une attention particulière et l’auteur distingue : « les problèmes liés au sol (érosion, salinisation, perte de fertilité) ; la gestion de l’eau ; la chasse excessive ; la pêche excessive ; les conséquences de l’introduction d’espèces allogènes parmi les espèces autochtones ; la croissance démographique et l’augmentation de l’impact humain par habitant » (p. 17).
On remarquera que si des problèmes sont à l’origine des effondrements, les réponses aux problèmes peuvent elles-mêmes devenir des problèmes et contribuer à l’accélération de la catastrophe, au lieu de la prévenir. Autrement dit, les expériences examinées confirment l’idée qu’il n’y a pas de catastrophes inévitables et que, dans un même contexte, confrontés aux mêmes facteurs nocifs, les hommes ont une capacité d’action déterminante sur la pérennité de leurs sociétés. L’ouvrage offre ainsi, entre plusieurs illustrations, celle des Vikings et des Inuits au Groenland aux XIVe et XVe siècles. Ensemble confrontés au même environnement difficile, avec en particulier le démarrage du « petit âge glaciaire », les premiers n’ont pu s’adapter, à la différence des seconds. Soucieux de témoigner de leurs origines, les Vikings s’arc-boutèrent sur leurs valeurs ancestrales, privilégiant l’élevage – pourtant responsable d’une érosion accélérée des sols – et méprisant certaines ressources alimentaires autochtones (phoques, baleines et même, aussi surprenant que cela paraisse, le poisson), ou s’attachant à importer d’Europe des articles de prestige plutôt que des biens, pourtant bien plus nécessaires (du fer par exemple). Orgueilleux, ils se refusèrent à copier les Inuits dont ils auraient pu pourtant s’inspirer : ils en périrent, alors que les Inuits sont parvenus à se maintenir.
De ces études de cas, il y a évidemment des leçons à retenir pour les hommes d’aujourd’hui, également menacés par d’importants problèmes environnementaux. Diamond relève une douzaine de problèmes (destruction ou perte de ressources naturelles, changements dans l’atmosphère, diffusion accrue de produits chimiques toxiques, démographie trop importante, etc.). Quel(s) serai(en)t le(s) plus important(s) aujourd’hui ? Avec humour, l’auteur répond : « Notre tendance erronée à vouloir identifier le problème le plus important ! ». Et de poursuivre : « (…) [C]hacun de nos douze problèmes, faute de solutions, nous causera un grave dommage et (…) tous interagissent les uns avec les autres. Si nous en résolvions onze, mais pas le douzième, nous serions encore en danger, quel que soit le problème non résolu. Nous devons donc les résoudre tous » (p. 556). De surcroît, les interactions dont il est question sont aussi d’ordre spatial : ce n’est plus un seul pays qui est menacé, encore moins une île d’une centaine de km² (l’île de Pâques), mais la Terre dans son ensemble. Dès lors, avec de tels enjeux globaux, les réponses ne peuvent être que globales. Précisément, quant aux choix à réaliser pour garantir la survie de notre « société mondiale », le lecteur risque de rester sur sa faim. Diamond propose « des plans à long terme et la volonté de reconsidérer les valeurs fondamentales » (p. 579). On vient de voir avec l’exemple des Vikings que, pour partie, leur effondrement au Groenland provenait de leur incapacité à remettre en cause leurs valeurs originelles. Ce serait aussi pour l’homme moderne l’enjeu majeur à dépasser. Mais comment ? La question reste très largement sans réponse… Nous n’en faisons, cependant, nul reproche à l’auteur dont l’objet premier était l’analyse des effondrements passés et qui n’envisage ces recommandations qu’en toute fin d’ouvrage.
Bertrand Zuindeau est Maître de Conférénces en Sciences économiques à l'Université de Lille 1 (laboratoire CLERSE). Ses recherches portent sur l'économie de l'environnement et du développement durable. Il est également directeur de la publication de la revue Développement durable et territoires. |
La qualité de l’analyse, l’accumulation de travaux en amont retranscrits dans des synthèses bien faites, la hardiesse des positions aussi – mettre en avant le poids de la démographie comme l’un des facteurs explicatifs du génocide rwandais risque du susciter la critique indignée –, et bien sûr la portée essentielle du propos – le devenir de l’Homme –, font d’Effondrement un livre important ; l’un des plus importants de ces dernières années, selon nous, dans le domaine de l’environnement.
Bertrand ZUINDEAU

PESTICIDES: Révélations sur un scandale français
Le Canard Enchainé du 22 mars 2007 a cloué le bec au lobby pro pesticide qui s’attaque de manière dissimulée à traverss de sites "noirs" aux ONG et aux auteurs de « Pesticides, Révélations sur un scandale français ».
Une attaque pas très net(te)
HUIT jours à peine après sa sortie, le solide livre-enquête sur les pesticides de Nicolino et Veillerette a été pris pour cible sur Internet. Le message, signé par un certain « Legac », a été semé en une matinée sur une dizaine de sites écolos : « Pour en savoir plus sur le Livre "Pesticides, révélations sur un scandale français", rendez-vous sur www.alert-environnement.org. » Et là, le livre est passé à tabac sur le thème : « quand deux militants écolos s'adonnent à la théorie du complot ». Chaque auteur a droit à une fiche de plusieurs pages,intitulée pour François Veillerette : « Un Monsieur Antipesticides pas très crédible », et pour Fabrice Nicolino : « Sur les traces de Thierry Meyssan ». On voit l'idée : ces deux auteurs sont des fous furieux. On y trouve même, suprême élégance, des échanges plutôt vifs qui ont été piqués sur la liste interne de discussion de l'association de Veillerette... Alerte Environnement se présente comme « un véritable média alternatif » créé par une « journaliste indépendante entourée d'agriculteurs de terrain », Gwen Le Gac. Interrogée par « Le Canard », celle-ci parle d'une initiative strictement personnelle « avec des amis agriculteurs » dont elle refuse de donner les noms. Problème : Gwen Le Gac n'a pas de carte de presse et elle œuvre dans la com'. Notamment pour l'agence Regard International, qui s'occupait en janvier dernier du secrétariat général du colloque « L'agriculture a-t-elle encore un avenir ? » sponsorisé entre autres par Basf et Monsanto... « Mais pour des missions qui, assure-t-elle, n'ont rien à voir avec le secteur agricole. »
La plupart des attaques toxiques contre Veillerette et Nicolino se retrouvent carrément en « copier-coller » sur un site animé par Gil Rivière-Wekstein, qui se présente comme un « journaliste agricole », et a participé à la création d'une société d'intelligence économique qui a pondu en 1999 une « Etude sur nature des mouvements écologistes et leurs véritables objectifs ». C'est dit : le lobby des pesticides a décidé d'attaquer ce bouquin au défoliant !

Contre le silence toxique
Savez vous que, où que vous viviez, en ville ou à la campagne, la pluie qui vous tombe dessus contient des pesticides ? Et que les brumes, les brouillards et la rosée sont en moyenne de trente à soixante fois plus chargés en pesticides que la pluie ? Savez vous que les pommiers reçoivent en moyenne pas moins de 27 traitements chimiques par an ? Que la France, troisième championne du monde d'utilisation des pesticides, est aussi championne en matière de contamination ? Que la moitié de nos aliments sont contaminés, et que 7 % dépassent la limite légale ? Savez-vous qu'on trouve dans les gènes de foetus humains plus de 400 polluants, hydrocarbures, dioxines, pesticides, résidus de plastique, de colles, d'encre d'imprimerie ?
Oui, oui, nous le savons, ou du moins on en a déjà vaguement entendu parler, et alors, on n'est pas morts pour autant... Savez-vous que 100 000 agriculteurs se plaignent chaque année, après avoir tout arrosé aux phytosanitaires, de nausées, problèmes neurologiques, éruptions cutanées ? Que des études de plus en plus nombreuses démontrent les liens entre pesticides et cancers, anomalies congénitales, perturbations de la reproduction, troubles neurologiques et cognitifs, dysfonctionnements du système immunitaire ?
Allons... l'Etat veille au grain, ne venez pas nous dire qu'un scandale pareil à celui de l'amiante (100 000 morts à venir) ou du sang contaminé nous pend au nez, ça se saurait, voyons... Savez-vous que l'Afsset, agence publique de santé environnementale, organise des congrès « scientifiques » de conserve avec le lobby américain de la chimie ? Que l'Observatoire des résidus de pesticides (oui, ça existe) n'a ni budget propre ni personnel attitré ? Que le président de la très officielle « commission des toxiques ~ a lâché un jour : « Ce n'est pas à nous de prendre des décisions par rapport à ceux qui vont naître; les générations futures se démerderont comme tout le monde » ? Savez-vous qu'en 1969, quand le produit phare des pesticides, le DDT, a été dénoncé comme un insupportable poison universel, les industriels ont fait appel au cabinet de Marcel Valat, celui-là même qui, en créant un « comité permanent amiante » de triste mémoire, chargé de vanter les mille vertus de cette fibre cancérigène, a permis aux industriels de l'amiante de reculer de trente ans son interdiction définitive ?
Sabre au clair, le journaliste Fabrice Nicolino et le militant François Veillerette, président du MDRGF (Mouvement pour les droits et le respect des générations futures), viennent de partir en guerre contre le lobby des pesticides. Dans leur livre pavé « pesticides, révélations sur un scandale français » (1), ils ferraillent, s'indignent, s'emportent, montrent comment la saga des pionniers des pesticides, tous gens « formidables, passionnés, altruistes », a tourné au cauchemar, racontent les manoeuvres qui ont permis au lobby des pesticides de faire main basse sur la totalité des centres de décision à partir de 1945, détaillent la manière dont il a infiltré les commissions officielles chargées des contrôles.
Et l'affirment : « La France officielle, la France industrielle, la France des commissions et des instituts, lu France des médailles et des révérences ne veut pas savoir ce qui se passe. » Et la
France des simples citoyens ?
Jean-Luc Porquet
(1) 384 p., 20 • (Editions Fayard).
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« Le Canard enchaîné » - mercredi 21 mars 2007

Après la Démocratie
L'élection de Nicolas Sarkozy semble avoir placé la France en état d'apesanteur : cadeaux fiscaux aux plus riches, socialistes passés à droite, atlantisme, exhibitionnisme présidentiel, désignation de boucs émissaires immigrés ou musulmans,
Dénoncer l'action de Nicolas Sarkozy ne suffit pas. C'est en partie grâce à ses défauts qu'il a été élu. Sous la diversité des symptômes, c'est d'une véritable crise de la démocratie qu'il s'agit. Pour la comprendre, il faut identifier, au présent et dans la longue durée de l'histoire, ces fadeurs lourds que sont le vide religieux, la stagnation éducative, la nouvelle stratification sociale, l'impact destructeur du libre-échange, l'appauvrissement des classes moyennes, l'égarement des classes supérieures.
Emmanuel Todd ne ménage personne, dans aucun camp. Son approche permet de comprendre pourquoi la société française hésite entre ethnicisation et retour de la lutte des classes. Elle oblige à se demander si les hommes politiques, incapables de manipuler plus longtemps notre " démocratie d'opinion ", ne vont pas devoir purement et simplement supprimer le suffrage universel. A moins que, cédant à la pression de la société, ils n'acceptent d'envisager une nouvelle politique économique, protectionniste à l'échelle européenne.

LA LEGITIMITE DEMOCRATIQUE
Le peuple est la source de tout pouvoir démocratique.
Mais l'élection ne garantit pas qu'un gouvernement soit au service de l'intérêt général, ni qu'il y reste. Le verdict des urnes ne peut donc être le seul étalon de la légitimité. Les citoyens en ont de plus en plus fortement conscience. Une appréhension élargie de l'idée de volonté générale s'est ainsi imposée. Un pouvoir n'est désormais considéré comme pleinement démocratique que s'il est soumis à des épreuves de contrôle et de validation à la fois concurrentes et complémentaires de l'expression majoritaire.
Il doit se plier à un triple impératif de mise à distance des positions partisanes et des intérêts particuliers (légitimité d'impartialité), de prise en compte des expressions plurielles du bien commun (légitimité de réflexivité), et de reconnaissance de toutes les singularités (légitimité de proximité). D'où le développement d'institutions comme les autorités indépendantes et les cours constitutionnelles, ainsi que l'émergence d'un art de gouvernement toujours plus attentif aux individus et aux situations particulières.
Nous sommes entrés dans ce nouveau monde sans en avoir perçu la cohérence ni interrogé lucidement les problèmes et les conséquences. C'est à en dévoiler les ressorts et les implications que s'emploie ici Pierre Rosanvallon. Après avoir publié La Contre-démocratie (Seuil, 2006), il propose, dans ce deuxième volet de son enquête sur les mutations de la démocratie au XXIe siècle, une histoire et une théorie de cette révolution de la légitimité.

LA CONTRE-DEMOCRATIE
L'idéal démocratique règne désormais sans partage, mais les régimes qui s'en réclament suscitent partout de vives critiques. L'érosion de la confiance dans les représentants est ainsi l'un des problèmes majeurs de notre temps. Mais, si les citoyens fréquentent moins les urnes, ils ne sont pas pour autant devenus passifs : on les voit manifester dans les rues, contester, se mobiliser sur Internet. Pour comprendre ce nouveau Janus citoyen, cet ouvrage propose d'appréhender les mécanismes d'institution de la confiance et l'expression sociale de la défiance comme deux sphères et deux moments distincts de la vie des démocraties. L'activité électorale-représentative s'organise autour de la première dimension : c'est elle qui a été classiquement étudiée. Mais la seconde n'a jamais été explorée de façon systématique. C'est à quoi s'attache Pierre Rosanvallon en proposant une histoire et une théorie du rôle structurant de la défiance dans les démocraties.

LE DÉMENTÈLEMENT DE L'ÉTAT DÉMOCRATIQUE

Présentation de l'éditeur
Dans la plupart des sociétés développées, l'État fait l'objet d'une critique en règle. Jugé impotent, coûteux, bureaucratique, il se voit peu à peu dépouillé de certaines de ses attributions. Les grandes entreprises nationalisées qui permettaient à l'État de peser sur la vie économique par le biais d'une politique industrielle volontariste ont été - ou sont - privatisées. Les services publics eux-mêmes sont remis en question par la logique de privatisation et de concurrence qui prévaut aujourd'hui. L'État démocratique, au surplus, a été dépossédé en Europe d'une partie de son pouvoir par le double mouvement de régionalisation et d'unification européenne. Tout conspire, en somme, à un " moins d'État ". Dans le même temps, cependant, les pays occidentaux encouragent les sociétés récemment libérées du communisme ou de la tyrannie à construire un véritable État de droit, en se dotant des institutions correspondantes. C'est ce discours paradoxal qu'analyse ici Ezra Suleiman. En s'efforçant de dépasser les querelles habituelles qui opposent de manière un peu théâtrale les défenseurs de l'État aux partisans du marché, il s'interroge sur les conditions d'une véritable réforme de l'État qui prendrait en compte et redéfinirait les fonctions de ce dernier, des fonctions qui conditionnent l'avenir de la démocratie elle-même.
Biographie de l'auteur
EZRA SULEIMAN est professeur de sciences politique à l'Université de Princeton. Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont, Les Hants Fonctionnaires et l'État, Les Élites en France, Les Notaires: les pouvoirs d'une corporation, Les Ressorts cachés de la réussite-française et L'Âge d'or de l'État, tous publiés aux Éditions du Seuil. Il est également l'auteur (avec Ted Rabb) de Vie et mort de la Démocratie (Dalloz 2004).

COMMENT LES RICHES DÉTRUISENT LA PLANÈTE
Hervé Kempf : Comment les riches détruisent la planète
24 février 2007
Pour la première fois dans son histoire notre espèce est confrontée aux limites de la biosphère, et nous devons trouver les moyens d'orienter différemment le progrès de l'humanité, mais une classe dirigeante prédatrice refuse les changements nécessaires. Hervé Kempf est journaliste au Monde, spécialiste des questions environnementales.
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Hervé Kempf est un des journalistes d'environnement les plus réputés. Depuis près de vingt ans, il travaille à faire reconnaître l'écologie comme un secteur d'information à part entière, et a défriché nombre de dossiers sur le changement climatique, le nucléaire, la biodiversité ou les OGM. Après avoir fondé Reporterre, il a travaillé à Courrier international, à La Recherche, et maintenant au Monde. |
Revue de presse
" Un document étayé et pressé par l'urgence (...) Kempf dit qu'il faut maintenant se partager sobrement la ressource terrestre. Que les opulents acceptent de se serrer un peu. D'en rabattre sur leurs envies. C'est le bon sens même. Le bon sens contre la morgue, l'opulence et l'égoïsme intégral des oligarchies : c'est le match du siècle. "
Bruno Frappat, La Croix.
" Il ne se contente pas de lister les mauvaises nouvelles, il nous invite à résoudre la crise par le social. "
Laure Noualhat, Libération.
" Un véritable essai d'explication globale de la crise environnementale. "
Louis-Gilles Francoeur, Le Devoir (Montréal).
" Un brulôt salvateur, un texte dont on sort quelque peu groggy. "
Alexandre Fache, L'Humanité.
" Un essai intellectuellement original et indéniablement pugnace "
Patrick Piro, Politis.
" Un livre roboratif à lire d'urgence "
L'Ecologiste.
" J'ai dévoré votre livre d'un trait et partage tout à fait votre point de vue quant à l'imbrication de la crise écologique et de la crise sociale "
Jean-Marie Pelt.
" Un vigoureux réquisitoire contre "l'idéologie néolibérale", coupable de conduire la planète à sa propre destruction. Excessif ? L'auteur aligne les comparaisons troublantes comme les liens entre les excès de la société de consommation, la naissance d'une oligarchie mondiale et les changements climatiques en cours. "
Olivier Nouaillas, La Vie.
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Une oligarchie prédatrice
Présentation de l'éditeur
Nous sommes à un moment de l'histoire qui pose un défi radicalement nouveau à l'espèce humaine : pour la première fois, son prodigieux dynamisme se heurte aux limites de la biosphère et met en danger son avenir.
Vivre ce moment signifie que nous devons trouver collectivement les moyens d'orienter différemment cette énergie humaine et cette volonté de progrès. C'est un défi magnifique, mais redoutable.
Or, une classe dirigeante prédatrice et cupide, gaspillant ses prébendes, mésusant du pouvoir, fait obstacle au changement de cap qui s'impose urgemment. Elle ne porte aucun projet, n'est animée d'aucun idéal, ne délivre aucune parole mobilisatrice. Après avoir triomphé du soviétisme, l'idéologie néolibérale ne sait plus que s'autocélébrer. Presque toutes les sphères de pouvoir et d'influence sont soumises à son pseudo-réalisme, qui prétend que toute alternative est impossible et que la seule voie imaginable est celle qui conduit à accroître toujours plus la richesse.
Cette représentation du monde n'est pas seulement sinistre, elle est aveugle. Elle méconnaît la puissance explosive de l'injustice, sous-estime la gravité de l'empoisonnement de la biosphère, promeut l'abaissement des libertés publiques. Elle est indifférente à la dégradation des conditions de vie de la majorité des hommes et des femmes, consent à voir dilapider les chances de survie des générations futures.
Pour Hervé Kempf, on ne résoudra pas la crise écologique sans s'attaquer à la crise sociale concomitante. Elles sont intimement liées. Ce sont aujourd'hui les riches qui menacent la planète.
Extraits
Crise écologique, crise sociale - page : 51
Observer les seuls revenus enjolive d'ailleurs le tableau général ; il faudrait davantage étudier les patrimoines qui sont moins bien appréhendés par les statisticiens que les revenus. Les disparités en sont beaucoup plus fortes que les inégalités de salaires et de revenu. 'Si, en matière de pouvoir d'achat, le rapport entre les 10 % les plus riches et les 10 % de la population les plus pauvres est, selon l'INSEE, de 1 à 4, il passe de 1 à 64 lorsqu'il s'agit de la valeur des biens possédés ! Et encore, poursuit le journal Marianne , faut-il comptabiliser pour les modestes les biens durables, tels les scooters, pour ne pas obtenir un ratio qui tend vers l'infini.' Les revenus de ce capital profitent d'abord aux plus riches. L'inégalité des patrimoines conduit à une inégalité concrète bien plus grande que ce qu'indique l'inégalité des revenus.
La Démocratie en danger - page : 86
Pourquoi, dès lors, les caractéristiques actuelles de la classe dirigeante mondiales sont-elles le facteur essentiel de la crise écologique ? Parce qu'elle s'oppose aux changements radicaux qu'il faudrait mener pour empêcher l'aggravation de la situation. Comment ?
Indirectement par le statut de sa consommation : son modèle tire vers le haut la consommation générale, en poussant les autres à l'imiter. Directement, par le contrôle du pouvoir économique et politique, qui lui permet de maintenir cette inégalité. Pour échapper à sa remise en cause, l'oligarchie rabâche l'idéologie dominante selon laquelle la solution à la crise sociale est la croissance de la production. Celle-ci serait l'unique moyen de lutter contre la pauvreté et le chômage. La croissance permettrait d'élever le niveau général des richesse, et donc d'améliorer le sort des pauvres sans - mais cela n'est jamais précisé - qu'il soit besoin de modifier la distribution de la richesse. Ce mécanisme s'est enrayé.
La Démocratie en danger - page : 97
Le terme qui désigne la torture est, dans ce nouveau monde, 'technique renforcée d'interrogatoire'. Je m'abstiens de présenter au lecteur des exemples de ces 'techniques renforcées'. Elles n'ont rien à envier aux pratiques des 'techniciens' de la Gestapo. Les sévices infligés aux détenus de la prison d'Abou Graib, à Bagdad, révélés en 2004, ne sont que la pointe émergée de l'iceberg de la 'guerre contre la terreur'. En 2006, près de 14 500 'suspects' sont détenus dans ces cachots situés hors des Etats-Unis. Plusieurs pays européens se sont prêtés au transfert de prisonniers par la CIA vers les centres de torture établis en plusieurs points du monde, autorisant les avions de l'agence américaine à se poser sur leurs aéroports, fermant les yeux sur des enlèvement chez eux de 'suspects', voire - mais le fait n'est pas définitivement établi pour la Pologne ou la Roumanie - en abritant de telles prisons.
Entretien avec Ruth Stégassy
Hervé Kempf s'est entretenu avec l'animatrice de l'émission Terre à Terre, sur France Culture, le samedi 25 février 2007.
" Le confort dans lequel baignent les sociétés occidentales ne doit pas nous dissimuler la gravité de l'heure. Nous entrons dans un temps de crises durables et de catastrophes possibles ", écrit Hervé Kempf dans l'introduction de son livre, " Comment les riches détruisent la planète ".
Au cœur de sa réflexion, le croisement inextricable de deux crises jusque-là analysées séparément : crise écologique, crise sociale.
Et une conviction : un même mal est cause des deux. Ce mal, c'est l'inégalité croissante entre pauvres et riches, l'appétit inextinguible d'une oligarchie qui amasse des richesses inouïes et imprime au monde entier le rythme effréné de la consommation censée procurer le bonheur, qui détruit les écosystèmes et les sytèmes de solidarité
L'émission est disponible à l'écoute sur le web durant une semaine.
Découvrir Sam Pizigatti
En contrepoint à l'ouvrage de Kempf, nous vous invitons à découvrir Greed and Good, de Sam Pizzigatti.
Ce journaliste US, spécialiste du monde du travail, décrit les ravages provoqués par l'avidité pour un " toujours plus " qui ne connaît plus de bornes dans les classes aisées outre-atlantique.
Au delà des annecdotes sur l'invraisemblable gaspillage d'une caste qui ne se refuse plus rien pour satisfaire ses désirs, se différencier de la masse et affirmer ses privilèges, Pizzigato analyse les effets pervers que cette logique entraine dans une société de plus en plus fascinée par la dépense ostentatoire.
En décrivant la réorientation de l'économie vers le luxe au détriment de la satisfaction des besoins du plus grand nombre, la destabilisation des valeurs individuelles soumises à la pression d'une société gagnée par la dictature de l'image de soi, il met en lumière à quel point ces comportements transforment la société américaine dans son ensemble, bien au delà du " happy few " des milliardaires.
Cet ouvrage a été largement salué dans les milieux progressistes américains.
Voici par exemple ce qu'en dit Jeff Faux, le co-fondateur de l'excellent Economic Policy Institute " Sam Pizzigati a rassemblé les élèments d'un réquisitoire définitif contre les excès de l'inégalité des revenus, de la richesse et du pouvoir dans notre société.
Il nous donne des chiffres bruts et des remarques de bon sens, mais aussi des propositions inventives pour renverser la dérive vers la ploutocratie et le déclin du lien social ". Greed and Good est disponible à la lecture et au téléchargement sur le site de l'auteur.
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