Extrait de l'article de Luc Cédelle du "MONDE"
Avis de polémique. Elle touche le haut-commissaire à la jeunesse, Martin Hirsch, ricoche sur le ministre de l'éducation, Luc Chatel, en passant par le recteur de Créteil, Jean-Michel Blanquer. L'orage a été déclenché par l'annonce d'une "expérimentation" consistant à encourager l'assiduité de lycéens professionnels au moyen d'une "cagnotte", qui sera destinée à financer certains projets éducatifs collectifs.
Particularité inédite : les protestations proviennent de tous les horizons politiques, syndicaux et associatifs de l'éducation. Aussi limitée soit-elle, le recours à une incitation financière dans le cadre scolaire choque des milieux très différents.
Ces explications n'ont pas enrayé les protestations. Pour Jean-Jacques Hazan, président de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), classée à gauche, c'est une "perversion du sens de l'école" que de vouloir "régler par l'argent un problème d'éducation". La Fédération des Parents d'élèves de l'enseignement public (PEEP), classée à droite, s'est déclarée par la voix de son président, Philippe Vrand, "très réservée et même un peu inquiète" : "On ne veut pas, a-t-il dit, que l'argent soit le levier pour motiver les élèves." Le président socialiste du conseil régional d'Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, s'est inquiété de "risques de graves dérives ". Le Snalc (syndicat national des lycées et collèges, "apolitique") dénonce un "scandale" mais l'attribue à "l'idéologie de "l'élève au centre"". Pour l'association SOS Education, d'inspiration libérale, ce projet "non seulement naïf, mais aussi immoral", est un "véritable camouflet aux professeurs".
Mais de qui se moque-t-on?
En effet, selon l'interjection indignée habituelle de Nicolas DUPONT-AIGNAN, il est légitime de se poser cette question : Mais de qui se moque-t-on. ?
En réalité, personne ne veut vraiment se moquer d'autrui, mais les pouvoirs publics sont confrontés à une dérive des comportements très préoccupante contre laquelle les dispositifs coercitifs habituels ne fonctionnent plus.
Et, circonstances aggravantes, même les vives réactions de contestation indignée des fédérations des parents d'élèves tintent faussement puisqu'elles s'appuient sur des arguments contestables. Il est en effet illogique de s'opposer à l'introduction de l'argent dans les méthodes scolaires dès lors que par ailleurs, ces mêmes fédérations ne condamnent pas la société civile établie sur la base de l'argent-Roi, du marché-Roi et du tout profit et de la spéculation tout azimut.
En fait cette incitation par la cagnotte à l'assiduité et au travail scolaires s'inscrit tout naturellement dans la logique de l'économie ultra libérale.
Ce qui est beaucoup plus préoccupant, c'est qu'une fois de plus, en France tout du moins, les pouvoirs publics s'ingénient, à l'instar du ministre Luc CHATEL et du secrétaire d'État Martin HIRSCH, à produire des expédients comme remèdes à des problèmes aussi grave que celui de l’absentéisme scolaire beaucoup plus structurel que conjoncturel.
Cette « cagnotte » accordée aux bons élèves ressemble très fort à une sorte de rémunération et c’est là que le gouvernement français risque d’ouvrir une nouvelle boite de Pandore. En France, tout particulièrement, les salariés ne sont jamais (à de rares exceptions près) satisfaits de leurs salaires. Alors pourquoi les élèves le seraient-ils, eux ? Pourquoi ne manifesteraient-ils pas dans les rues pour une réévaluation de leur cagnotte indexée sur le coût de la vie ?
Interrogeons-nous sur la situation scolaire dans notre pays !
br>Pourquoi les lois et règlements scolaires ne suffisent plus à maintenir les équilibres dans les lycées ? Voilà la bonne question que personne ne voudra poser.
Pourquoi....
Parce que sévit en chacun de nous cette intuition (qui devraient être confirmée ou infirmée par des études statistiques objectives), que le problème du manque d'assiduité scolaire se situe essentiellement et socialement parmi les milieux les plus défavorisés territorialement identifiées. (ATTENTION, il ne s'agit pas de généraliser, il est écrit essentiellement)
Et là, il faut bien reconnaître qu'on entre dans un champs de réflexion à haut danger ajouté puisqu'on ne peut plus, dans notre pays, traiter convenablement les situations conflictuelles dans une démocratie dans laquelle la liberté d'expression n'existe plus car strictement cadrée dès lors qu'elle peut remettre en cause la paix sociale.
C'est à ce moment qu'il conviendrait de s'interroger sur les causes véritables de l'absentéisme dans les lycées et que donc devrait surgir une étude objective : l'absentéisme est-il dû à :
- 1. L'échec scolaire lequel lui-même trouve ses origines dans :
- * une absence de travail dans les devoirs pour cause de conditions matérielles défavorables ?
- * à un refus des études par manque d'aptitude ?
- * à un choc des cultures et des mentalités face à un enseignement laïc ?
- * à une carence des enseignants ?
- * à des programmes mal adaptés à la vie moderne ?
- 2. Un désenchantement provoqué par une absence de perspectives d'avenir à la fin des cycles d'études.
- 3. des conditions d'études difficiles :
- * l'absentéisme des profs eux-mêmes ?
- * un manque de considération des élèves ?
- * La gestion de la sécurité dans les lycées ?
Qui peut répondre à ces questions ?
Quel parlementaire, quelle autorité de l'État, quel mouvement politique va ou vont oser se pencher sérieusement sur les problèmes actuels que rencontre notre éducation nationale sans tomber dans les pièges idéologiques de droite comme de gauche, libérale ou humaniste, s'inspirant de croyances ou de dialectiques qui se révèlent dramatiquement impuissantes de nos jours ?
Notre pays est bien malade et il n'est pas certain qu'il soit en mesure de se soigner. La fièvre monte doucement et au lieu de soigner les causes, les autorités tout comme les peuples français se contentent de traiter les symptômes avec des analgésiques ou des expédients. A l'instar d'un furoncle qu'au lieu d'inciser quand il n'est pas trop tard, on soigne avec des pommades adoucissantes en espérant qu'il veuille bien se réduire de lui-même sans trop de casse.
C'est rarement le cas et quand il faut sortir le bistouri, cela fait bougrement mal.
Est-il maintenant possible de revenir à un enseignement traditionnel dans lequel l'avis de l'enseignant est prépondérant sur celui des parents ? Dans lequel l'élève est noté objectivement suivant ses connaissances réelles ? Dans lequel les mesures disciplinaires retrouveraient un effet immédiat et dissuasif ?
Il faut craindre que non.
Les circulaires actuelles de l'éducation nationale n'ont pour objectif que d'inciter les enseignants à éviter le " décrochage ", à noter de façon " encourageante " les devoirs, interrogations écrites et autres examens.
Nos grandes écoles ouvrent les portes aux élèves issus de l'immigration qui n'ont pas le niveau mais sont considérés comme méritants parce que justement assidus aux cours.
Il faut tout faire pour que les " jeunes " ne se retrouvent pas dans les rues désœuvrées, en situation d'échec donc aigris et en colère.
Le seul résultat tangible obtenu de cette politique socialisante et politiquement correcte est la déconsidération que portent les milieux économiques vis à vis à la fois de l'enseignement français et des diplômes que celui-ci délivre..
QUE FAUT-IL FAIRE ?
Malheureusement rien ne pourra se résoudre pacifiquement. De trop nombreux déséquilibres ont été franchis pour que la situation actuelle dans l'enseignement ne se dégrade pas en catastrophe épouvantable et toute mesure de retour vers la normalité et aux équilibres d'antan se pourra que se montrer contraignante voire violente et ne pourra pas s'appliquer dans le cadre d'une démocratie politiquement correcte. Il faudra rompre définitivement avec nos nouvelles habitudes et probablement avec la cinquième république.
Alors, au boulot les gars ! Il est temps de retrousser les manches !